Dans la vie comme dans la nature, la tempête frappe souvent sans prévenir. En février 2021, suite à un bête accident, j’ai dû entrer d’urgence à l’hôpital pour une double chirurgie à la cheville droite. Six vis, une plaque et une reconstruction ligamentaire plus tard, ma jeune carrière d’ultra-marathonien semblait finie avant même d’avoir commencée.
J’ai décidé de faire mentir les pronostics, de garder les projets au calendrier tout en réapprenant à courir avec ma nouvelle condition. Repartir à zéro quelques mètres à la fois m’imposa l’humilité. L’absence de mouvement m’ayant donné soif de course comme jamais, j’ai pensé qu’un 660 km en conditions hivernales autour de la Gaspésie semblait un projet raisonnable... ou presque !
Vivant dans mon Dodge Grand Caravan, j’ai pu enfiler les entraînements de dénivelé en campant au pied des montagnes. La vie de “ full timer “ à bord d’un véhicule non-isolé m’a permis d’être en contact constant avec la nature et de m’acclimater au froid progressivement lors du passage de l’automne à l’hiver. Une mixture de 2500 km de sentier, de bitume et de course en station de ski aura mis ma cheville reconstruite à rude épreuve. « Si elle tient encore après tout ça, elle tiendra pour le reste, me suis-je dit. »
Le 6 janvier 2022, je m’élançais enfin sur le “petit tour de l’est” accompagné d’une équipe de soutien et de production documentaire. L’hiver québécois fut définitivement au rendez-vous. Il nous enchanta de sa présence avec des températures tombant sous la barre des moins trente avant le vent, qui lui soufflait parfois jusqu'à 100 km/heure. La difficulté amenée par l’exposition aux éléments fut compensée par la beauté des paysages. Chutes de glace et sommets enneigés, océan en furie et banquise, levers et couchers de soleil; tout y était pour inspirer l’âme. La camaraderie s’installa donc rapidement au sein de l’équipe et des liens profonds se forgèrent par le partage de la réussite et de l’adversité. Nous ne faisions plus qu’un, chacun étant un organe essentiel à l’avancement de la tribu. Un pour tous, tous pour un. Sans filtre et sans sommeil dans les longues nuits de 13 heures du mois de janvier gaspésien, nous avons su garder l’harmonie et notre bonne humeur. Ça ne m’aura pourtant pas épargné les moments de fatigue mentale où se mêlèrent parfois tristesse et épuisement, mais que serait un ultra sans ces typiques creux de vague… Heureusement que la remontée est aussi un classique !
Sur un effort d’endurance de plusieurs jours, la digestion devient un élément important, car il est vital de maintenir notre capacité d’assimilation calorique. J’adore personnellement manger, mais la quantité astronomique de calories à ingérer peut rendre la tâche ardue au fil du temps. C’est pourquoi le choix d’aliments que vous aimez réellement est primordial. Courant en moyenne 20 heures par jour et ayant besoin de 350 à 400 calories à l’heure, j’ai donc englouti plusieurs centaines de barres Näak au cours de mon périple… entre autres ! Je mets quiconque au défi d’en faire autant. J’avoue que les quatre saveurs différentes ont su changer le mal de place. Je n’ai vécu aucune détresse gastro-intestinale au cours de mon périple et j’associe cette réussite en partie à la facilité de digestion des produits Näak qui ont été un outil important de cette aventure.
C’est avec beaucoup de fierté et de reconnaissance que nous sommes arrivés à Sainte-Anne-des-Monts, huit jours plus tard, de retour au point d’origine de notre périple. L’équipe avait préparé un fil d’arrivée à mon insu et j’ai été aspergé de champagne cheap, s’en est suivi un festin de poutine arrosé de bière de micro. C’était parfait, merci la vie !
La pluralité des paramètres impliqués lors de courses sur plusieurs jours m’a passionné et fasciné au plus haut point. Comme deuxième expérience, la première étant un autre tour de la Gaspésie en mai 2020, je constate quelques erreurs à corriger comme une meilleure gestion du sommeil ou le respect du silence lorsque nécessaire. Rétabli et de retour à l’entraînement trois semaines après l’arrivée, un désir ardent de repartir vers d’autres horizons m’habite.
J’envisage de courir seul, en autonomie avec un petit chariot, sur plusieurs jours, voire une semaine. J’ai envie de connaître ce que nécessite une longue traversée sans soutien humain et matériel. Je trainerai donc provisions, matelas de sol, tente et sac de couchage. Je souhaite également passer plus de temps en montagne et ferai une tentative de fkt sur le Gra01 en août 2022, à la poursuite du temps de Mathieu Blanchard. Les Appalaches sont magnifiques et ce projet d’envergure me donne des frissons d’exaltation et de peur à la fois, ce qui est bon signe ! D’ici là, je participerai au 160 km du Gaspesia100 à Percé le 17 juin 2022 pour prendre ma revanche sur ce parcours théâtre de mon premier ultra en 2019. On peut dire que j’ai du pain sur la planche !
J’invite toute personne qui aimerait s’impliquer dans de futures aventures ou projets à me contacter personnellement, il me fera plaisir de parler avec vous. Le plus beau dans tout ça, ce sont les amitiés qui découlent de nos folies et c’est pourquoi je n’ai pas fini d’en faire.
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