Vincent Nadon s’est lancé ce défi qui peut sembler surréaliste : traverser le Canada en bikepacking d’Est en Ouest. C’est à dire plus de 6000km rien qu’à la force de ses jambes sur son vélo.
"Mes amis en Belgique (où j'ai commencé mon doctorat et où j'ai été diagnostiqué de la maladie de Crohn en 2015) m'ont donné le défi de traverser le Canada à vélo alors que je rentrais chez moi au Québec. En 2018, j'ai décidé qu'il était temps pour moi de découvrir la vie d'une toute autre manière après avoir vécu 3 ans avec la maladie de Crohn.
J'en avais assez des difficultés à terminer mon doctorat (j’ai pu le terminer après le voyage) et j'ai estimé que c'était le bon moment avant que ma vie ne change davantage avec la maladie de Crohn (colostomie, malabsorption des nutriments, etc.) et que je ne puisse plus réaliser ce défi."
C'est pourquoi j'ai décidé de commencer à lancer une collecte de fonds pour la fondation Crohn's and colitis Canada tout au long de ce voyage. Une course contre les MII !Mais ma vie a basculé une nouvelle fois lorsque j'ai eu une poussée de Crohn fin 2017, en pleine préparation du voyage.
Je dû rapidement faire face à ce problème avant le départ afin de pouvoir accomplir ce rêve. En mai, j'ai donc consulté mon gastroentérologue en urgence. Il m'a proposé de changer de médication pour suivre mon tout premier traitement biologique, Stelara.
Après avoir subi ma deuxième coloscopie en l'espace de trois ans, mon médecin a constaté qu'il y avait encore une inflammation dans mes intestins, malgré la stimulation de mon système avec l'Imuran (Azathioprine) et la Prednisone (Cortisone). Il m'a donc fortement suggéré de prendre du Stelara, ce que j'ai fait.
J'ai reçu ma première dose par intraveineuse la semaine précédant mon départ. Mon médecin m'a prescrit de la Prednisone qui allait progressivement décroitre pendant le voyage, en croisant les doigts pour que l'ensemble du cocktail médicamenteux fonctionne pour faire tourner mes jambes tout au long du périple.
Pour préparer ce défi, à la saison cycliste précédente (2017), je m'étais fait coaché sur 1 mois intense des courses d'ultra-cyclisme. J'ai réalisé mon premier Ultra Défi de 1000km avec plus de 10 000m de dénivelé en 2017. Au début de la saison 2018, j'ai démarré fort en terminant en 2e position d'une course d'ultra-cyclisme de 12h.
Pour m'assurer que mon mental survivrait, je me suis entraîné dans toutes sortes de conditions : humide, froid, chaud, sec, venteux, de nuit et toute combinaison de conditions.”
En 6085 kilomètres, Vincent en a vu des paysages ! Un périple jonché de rencontres et d’instants à jamais gravés dans sa mémoire…
J'ai souffert d'une blessure au genou tout au long du voyage. J'ai essayé plusieurs méthodes, comme des bandes de physiothérapie, pour soulager la douleur, ce qui m'a aidé, mais ne l'a pas fait disparaître complètement. Il m'a fallu plus d'un an pour me remettre complètement de cette blessure.
Mon étape reine, qui a commencé par une chaude montée à Revelstoke, fut une journée extraordinaire, mais aussi l'une des plus difficiles. J'ai été piqué par une guêpe. J'ai vu quelques moutons de montagne sur une falaise. J'ai terminé la journée en parcourant 200 km et en gagnant 3000 m de dénivelé, le tout mouillé (par la pluie) à Golden, en Colombie-Britannique.
Un autre moment mémorable est celui où je me dirigeais vers le lac Waterfowl sur la Promenade des Glaciers. Il pleuvait, il faisait froid et ma blessure au genou était vraiment douloureuse. Le trajet jusqu'au camping semblait interminable. Le lendemain, il faisait super beau, je pouvais voir au loin le reflet des lacs bleus.“J'ai appris beaucoup de choses sur moi-même (la résilience, le courage et le fait de toujours écouter mes sentiments, c'est-à-dire mon estomac) et sur les gens qui m'entourent tout au long de ce voyage. Je n'arrive toujours pas à croire que mes compatriotes canadiens puissent faire preuve d'autant d'attention les uns envers les autres jusqu'à m'accueillir chez eux.
Ce fut une expérience incroyable qui m'a permis de me retirer de mon environnement anxiogène pour un moment, de récupérer et de revenir en paix. Les gens me demandent souvent si je le referais. Je réponds toujours OUI ! Le voyage était pourtant parfait tel quel, je ne pense pas que j'aurais pu l'apprécier davantage (à part rouler moins la nuit pour voir plus de paysages).
C'était mon premier vrai voyage en bikepacking et pas le dernier. Il m'a inspiré pour compléter mon deuxième voyage à Taïwan, plus de détails sur ce voyage sont dans cet article de blog. J'ai une course et un voyage en Islande en juillet 2022, restez à l'écoute !”
Pour plus de détails sur la traversée de Vincent Nadon, visitez thevelocitynerd.com.
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